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Rencontres Photgraphiques
27 août 2017

Les Forts de L'Esseillon : Le Fort Victor-Emmanuel

« Tout le long du chemin de ronde du bâtiment central, à la crête des murs et des redoutes, on apercevait des dizaines de factionnaires, le fusil à l'épaule, qui marchaient méthodiquement de long en large, chacun ne parcourant que quelques pas. Tel le mouvement d'un pendule, ils scandaient le cours du temps, sans rompre l'enchantement de cette solitude qui semblait infinie. » (Le désert des Tartares - Dino Buzzati)

Victor-Emmanuel Ier :Victor_Emmanuel_I_of_Sardinia  1759-1824. S'opposa violemment aux forces de la Révolution Française. En 1798, il dut quitter le Piémont et fuir en Sardaigne. Napoléon vaincu, il retrouva ses états, auxquels les grandes puissances ajoutèrent le territoire de la république de Gênes.
L'absolutisme royal et les privilèges les plus surannés de la noblesse et du clergé furent rétablis, et la politique autrichienne domina quelques années le Piémont sous l'influence de son épouse Marie Thérèse petite fille de l'impératrice d'Autriche Marie Thérèse. Quand le parti national, prit les armes pour revendiquer les droits constitutionnels et l'indépendance du pays, Victor-Emmanuel, affolé et ne voulant faire aucune concession, abdiqua en faveur de son frère cadet Charles-Félix (1821).

 

 

 Ce fplan_fort VictorEmmanuelort est le plus important des 5 forts.

Victor-Emmanuel, également appelé « Grand Fort » ou « Fort du Point du Jour », occupe l'extrémité sud du contrefort traversant la vallée. Il s'avance jusqu'au bord du rocher dominant l'Arc.

Valcenis (57) Construction étrange, faite d'immenses bâtiments en escalierqui suivent la pente, elle évoque avec son environnement de sommets neigeux et de falaises quelque lamaserie tibétaine perdue dans les solitudes . Le Fort Victor-Emmanuel forme un ensemble architectural cohérent,mais si de loin, tous les bâtiments se ressemblent, ils ont des destinations complètement différentes. On peut distinguer trois parties de bas en haut le fort proprement dit, les casernements et le pénitencier(on peut remarquer les ouvertures plus petites que dans les autres bâtiments). DSC07772Accroché sur le bord d'une falaise entre mille deux cent cinquante mètres et mille trois cent cinquante mètres d'altitude, l'ouvrage se décompose en une succession parallèle de huit bâtiments à double niveau.

DSC07814Dès 1817 les chantiers furent ouverts. On commença par préparer sur le roc l'emplacement des fondations. Mais ce n'est qu'en 1820 que la construction proprement dite débuta. On ne s'arrêta que treize ans plus tard, en 1833. Voué à servir de base de départ d'une éventuelle offensive, le fort est conçu pour accueillir une garnison de mille cinq cent hommes, servant trente-cinq canons.

L'entrée s'effectue à l'est par un DSC07534pont-levis.

DSC07542Un pont dormant prolongé d'un pont-levis métallique offre un accès à la porte d'entrée, qui permet d'accéder au bâtiment de commandement.

 

DSC07557 Les  bâtiments  du fort  appartiennent à un type de casernes "à l'épreuve de la bombe" trés utilisé dans toute l'Europe occidentale après 1815. La partie basse composée de deux bâtiments recevait les canons. Les murs ont entre 2 et 4 mètres d'épaisseur.

DSC07555Pour éviter que les canons et les chariots prennent une trop grande vitesse, on a encastré sur la rampe des espèces de gradins cylindriques en pierre. Contrairement aux apparences, ce ne sont pas des marches, car les barres de pierre sont en saillie pour pouvoir bloquer éventuellement les roues. Le second bâtiment est décalé par rapport au premier et le domine. Il peut donc tirer par dessus dans la même direction avec ses huit pièces. Les casemates sont moins aérées que celles du bas qui bénéficient d'une cour intérieure. Aussi, le Capitaine Gallice, un agent secret français qui visita le fort en 1826, note-t-il "qu'elles ne possèdentpas de trous d'évacuation, ce qui risque d'incommoder les servants pendant le tir". 

DSC07551Lorsque les bâtiments furent terminés, il fallut y installer l'armement, en particulier l'artillerie. Il s'agissait de pièces de place en bronze ou en fer, se chargeant par la gueule et tirant des boulets à 1200 mètres au maximum. Les calibres les plus usités étaient ceux de 16 et de 24. La pièce reposait sur un affût de place, sorte de caisse en bois d'orme ou de chêne, monté sur roulettes.

DSC07598

Les toitures en lauzes ne constituaient en quelque sorte qu'un "parapluie" destiné à garantir la mise hors d'eau de l'ouvrage en temps de paix; en cas d'attaque, la toiture démontée ou détruite pouvait rapidement disparaître pour laisser place aux mortiers ou à l’artillerie légère installée sur la terrasse, recouverte d'un épais blindage de terre.

 DSC07570On arrive plus haut sur la place d'armes sous laquelle est creusée une vaste citerne dont subsiste un des deux puits. Le bâtiment qui donne sur cette place abritait le poste de commandement du Gouverneur, les services et les magasins. Il est percé de trois porches qui donnent accès à la partie supérieure du fort. De gauche à droite le chemin des voitures, l'escalier particulier du Gouverneur, les escaliers pour la troupe. Le rez-de-chaussée comprend d'est en ouest l'entrée ouvrant sur le pont-levis avec deux portes successives, le corps de garde, des entrepôts de vivres et  de munitions, et, après un porche, une boulangerie avec trois fours  qui permettaient de cuire chacun 250 rations. A l'étage se tenait le  poste de commandement, les logements du gouverneur et des officiers, desservis par un escalier particulier.

DSC07595Le bâtiment suivant abritait au rez-de-chaussée, d'ouest en est, la Chapelle Saint-Jean l'Evangéliste, la sacristie (qui malgré son usage religieux comporte une embrasure), le logement du Prieur, l'hôpital de 60 lits et les cuisines. A l'étage nous trouvons des casernements pour la troupe avec des chambrées de quarante mètres carrés.

DSC07607On passe d'un bâtiment à un autre, soit par un escalier pour les piétons, soit par un plan incliné carrossable, assez sinueux et fort malaisé. Chaque bâtiment est séparé du suivant par une cour étroite et bordée de créneaux à l'est et à l'ouest. Ces difficultés de liaisons sont un des points faible du fort

DSC07615La poudrière, construite à l'extérieur des remparts et qui, au début était située au sommet, face à l'ennemi, fut transférée en 1835 sur le glacis à l'est.

DSC07621Le dernier bâtiment, où l'on accède indirectement après avoir franchi un portail, était le pénitencier.C'est en 1833 que fut construit le véritable pénitencier de l'Esseillon pour répondre, si l'on peut dire, à une demande sans cesse croissante. On notera que les travaux commencèrent alors que s'arrêtaient ceux du fort Charles-Albert, les ouvriers passant d'un chantier à l'autre. Curieuse coïncidence, comme si, pour le Roi, les dangers de l'intérieur étaient plus importants que ceux de l'extérieur.

DSC07624Un autre bâtiment plus petit, construit perpendiculairement, de l'autre côté du fossé sur une contrescarpe, était aussi à usage de pénitencier. Il portait le nom de «la galère» et l'autre s'appelait «le cavalier» (c'est le nom traditionnel en fortification pour désigner l'ouvrage le plus élevé). Le mot «galera» en Italien désigne le Bagne (même s'il n'y a plus de bateau comme à l'origine).

 

L'essentiel des informations sont issues de l'ouvrage Les forts de l'Esseillon publié en 1993 par André Dupouy (qui fut mon professeur de français au collège de Modane)

 

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25 août 2017

Les Forts de L'Esseillon

Il y a bien longtemps j'étais entré dans ces forts qui n'étaient pas encore ouverts au public. Je voulais y revenir et c'est chose faite depuis quelques jours. Un seul mot me vient : Impressionnant !

Impressionnant par sa taille, par le travail accompli par l'association qui l'a pris en charge depuis 40 ans et impressionnant par le fait que la visite soit entièrement gratuite...

Sardieres (79)

Un peu d'histoire pour expliquer le pourquoi de cette construction totalement inutile puisqu'elle n'a jamais servi à ce pourquoi elle fut construite.

La route permet de joindre deux grandes villes : Chambéry et Turin, situées chacune d'un côté des Alpes.
Du Moyen Age jusqu'à nos jours, la Maurienne, s'est trouvée être l'un des passages les plus fréquentés entre la France et l'Italie.

C'est Napoléon Ier qui fixe définitivement la route du col lors de la traversée des Alpes durant la campagne d'Italie . En 1805, il y établit une route nationale qui accentue son importance commerciale de premier plan. Le chemin d’accès au Mont Cenis, " doit être tel qu'on puisse arriver au Piémont sans être obligé de mettre pied à terre : c'est une suite nécessaire de la réunion du Piémont à la France ".Il fait également agrandir l'hospice. Soixante-quinze cantonniers avaient la charge de l'entretien de la voirie. Vingt-trois maisons cantonnières peintes en rouge étaient repartis le long du trajet

En 1796, lors des campagnes d'Italie, Napoléon fit détruire la forteresse de Brunetta de Susa au pied du col du Mont-cenis côté Italien. Après le traité de Vienne en 1815 il fallait empécher les Français d'utiliser à nouveau cette voie d'invasion

Construits entre 1819 et 1834, les forts de l'Esseillon ont été financés par les indemnités versées par la France au royaume de Sardaigne, à la suite du Congrès de Vienne de 1815. Cette édification s'est faite sous pression de l'Autriche. Cet ensemble fortifié protège l'accès au col du Mont-Cenis, et donc le versant piémontais du royaume sarde, transformant le duché de Savoie en glacis avec la France. L'Autriche voyait en ces forts un dispositif stratégique car cela protégeait leurs possessions italiennes, envahies durant les campagnes napoléoniennes.

Sardieres (100)

Dominant la vallée de l'Arc sur deux kilomètres en amont de Modane, le contrefort rocheux de l'Esseillon est une muraille naturelle d'une centaine de mètres de hauteur qui barre l'accès à la vallée de la Haute-Maurienne et au col du Mont-Cenis.

Le Congrès de Vienne contraignit la France à verser une somme considérable qui devait être affectée à des constructions défensives. A l'époque, on parla de 20 millions de francs .
Une commission Austro-Sarde fut créée pour discuter et préparer les travaux à exécuter. Elle devait également répartir les sommes disponibles ?
Huit millions furent attribués à la défense de la route du Mont-Cenis, c'est-à-dire à « l'Esseillon », puisque c'est le site qui fut retenu

 

DSC05588

Dès 1817, des terrassements sont effectués afin de mettre à nu la roche destinée à accueillir les futurs ouvrages. Ce gigantesque chantier d'édification d'une véritable cité militaire est confié à un jeune capitaine piémontais, Olivero. Formé au système de défense autrichien, il met en pratique les théories du marquis de Montalembert, général d'artillerie français du XVIIIème siècle : les forts sont conçus de manière à barrer la route à l'ennemi suivant une ligne de défense perpendiculaire à sa progression. Cinq ouvrages sont ainsi élevés, l'évasement de la vallée mettant l'ensemble hors de portée de l'artillerie ennemie qui viendrait à s'installer sur les sommets alentours.

Les quatre forts et la redoute Marie-Thérèse, furent bâtis par trois entrepreneurs piémontais avec lesquels le gouvernement sarde passa un marché. Ils obtinrent une sorte de privilège exclusif pour la réalisation des travaux futurs. L'ampleur du travail envisagé faisait de cette affaire une somptueuse entreprise commerciale. On peut imaginer les trafics d'influence et les dessous-de-table qui accompagnèrent ce « ce marché du siècle » .

les 5 forts

 Le mot Esseillon vient du latin eschallio qui signifie échelle ou escalier : 200 m de dénivelé entre la redoute Marie-Thérèse et le fort Marie-Christine.

Quatre de ces forts  sont sur la rive droite de la rivière Arc et une redoute est de l'autre côté de la rivière sur la rive gauche. Entre les deux un petit pont surnommé Pont du diable surplombe des falaises abruptes.

fort Victor-Emmanuel

fort Charles-Albert

fort Charles-Félix

fort Marie-Christine

redoute Marie-Thérèse

Ces forts furent baptisés des prénoms des membres de la famille royale de la Maison de Savoie :

Victor Emmanuel Ier, roi de Sardaigne, prince de Piémont et duc de Savoie

Marie-Christine et Marie-Thérèse, filles de Victor Emmanuel, et Charles-Albert et Charles-Félix, ses successeurs.

A propos de ces forts, on a parlé de réussite exceptionnelle. Ce jugement s'explique tant le site a été bien choisi, étudié et compris. Les architectes et les bâtisseurs tirèrent parti, d'une façon géniale, d'un lieu unique.
La Barrière de l'Esseillon est le mariage de l'ingéniosité humaine et de la nature.
Les forts sont construits sur la crête d'un contrefort rocheux orienté nord-sud, barrant presque toute la vallée.

Le contrefort constitue une véritable muraille, presque verticale, haute d'une centaine de mètres. De cette hauteur, la vue domine la vallée et les positions d'un assaillant éventuel.
Le contrefort se termine au sud par un ravin, creusé par l'Arc. Les parois en sont abruptes et peuvent atteindre une profondeur considérable : 160 mètres, environ.

C'est ce terrain, naturellement fortifié, qui fut choisi. La forte position du quadrilatère est rendue plus difficilement attaquable par la disposition des hauteurs environnantes : hormis celle du Mont-Cenis, il n'existait pas de route accessible à une armée que le flanc des montagnes, à cette altitude.
De plus, il n'était pas possible d'établir des batteries à distance de tir. En 1820, on utilisait encore des boulets métalliques et le canon de Gribeauval - le plus perfectionné à l'époque - ne dépassait pas 1000 à 1 500 mètres de portée

  Il y a beaucoup à dire sur cet ensemble : aussi pour que le texte ne soit pas trop long, je vais faire un message pour le fort Victor Emmanuel qui le mérite et un deuxième pour les quatre autres qui sont de taille moins importante.

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